Rencontrer et accompagner la guérison de notre enfant intérieur
Lorsque nous luttons contre ce qui nous gêne, notre timidité, malaise, impuissance, colère, rancœur…, nous combattons en fait notre propre enfant intérieur.
Celui-la même qui a dû se protéger de son environnement comme il a pu. En effet, il a dû employer des stratégies :
- Par le retrait, devenir invisible, ne pas déranger, pour ne pas susciter et subir les réactions familiales de colère, effondrement, dénigrement, jalousie…
- Suivre une demande, souvent non explicite (pas forcément réelle), d’être sage, bon élève, sportif …
- Se faire remarquer (clown, le meilleur, rebelle…) pour exister dans le regard de l’autre, alléger l’ambiance ou détourner l’attention…
- …
Ce faisant l’enfant se coupe de lui-même pour tenter de trouver une communication avec sa famille (parents, fratrie…), être reconnu…
Ces scénarios intelligents se forment dès la toute petite enfance. Ils se maintiennent dans l’inconscient et se répètent instinctivement, à l’âge adulte. Il s’agit de préserver l’identité profonde, pour le pas la laisser se détériorer par les remarques, ni être lâchée en pâture à l’environnement, prisonnier lui-même de son histoire et qui ne peut accueillir l’être tel qu’il (elle) est.
L’enfant a ainsi déployé beaucoup d’efforts pour se protéger de moqueries, ambiance lourde.. de parents déprimés, ou durs, … eux-mêmes bloqués depuis leur enfance. Ainsi, depuis des générations les systèmes de défense se renforcent, pour survivre, et avancer quand même. Nos ancêtres disaient souvent « laisse derrière, avance » ou « c’est pas grave, ça passera », « ne reste pas à rien faire, fainéant(e) »…, résultat de leurs propres systèmes de défenses. Ils se sont fiés au devoir, aux repères transmis par des doctrines, une morale,… qui certes permet d’éviter la loi du plus fort, et l’anarchie, mais brime, et empêche la circulation de l’énergie vitale. C’est ainsi que notre vitalité naturelle s’est transformée en instinct de survie.
En thérapie, nous avons besoin de toucher l’émotionnel, le ressenti des blocages et tous les efforts, l’énergie mise en œuvre pour serrer, crisper, se couper de la douleur de se sentir de trop ou inutile, ou rejeté, abandonné, idéalisé, incompris… Le jugement, auto jugement , culpabilité, colère, raisonnement,.. s’interposent plus ou moins fortement, le thérapeute guide le cheminement, signale, met l’accent sur ce qui se passe. Cela permet de traverser les défenses et atteindre les douleurs enfermées, pour les reconnaître.
C’est ainsi que l’enfant est enfin réellement reconnu dans ses efforts. Qui d’autre que vous-mêmes pourrait comprendre véritablement tout le scénario, et les croyances attachées. Car c’est vous seuls qui l’avez vécu, avec les sensations, émotions… L’environnement n’était que témoin extérieur.
Reconnaître et comprendre, cela commence déjà à soulager l’enfant, puis dénouer l’histoire continue d’alléger, et enfin en tirer des enseignements permet de se remplir et de trouver de vrais appuis.
Ce lien enfin retrouvé avec l’enfant intérieur ainsi libéré, permet de contacter et profiter de l’élan de vie, la joie de vivre, et ce vivant nous fait rencontrer la chaleur de l’amour naturel circulant en nous.
Martine Patet
Thérapeute Psycho corporelle